JEAN-BAPTISTE du CASSE

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Jean-Baptiste du Casse né le 2 août 1646 ? à Saubusse, près de Pau (Béarn) et mort le 25 juin 1715 à Bourbon l'Archambault en Auvergne, est un officier de marine et administrateur colonial français des XVIIe et XVIIIe siècles. Né dans une famille huguenote originaire du Béarn, il débute dans la marine marchande, au service de la Compagnie des Indes, puis de la Compagnie du Sénégal. Il se fait remarquer et devient directeur de cette dernière en 1677, prenant part au commerce d'esclaves à partir de Gorée, dont il prend possession en 1678. Passé dans la Marine royale, il prend part à la guerre de la Ligue d'Augsbourg, avant d'être nommé gouverneur de Saint-Domingue de 1691 à 1703. Pendant son administration, il relève la colonie et prend part à plusieurs expéditions victorieuses aux Antilles, l'expédition de la Jamaïque en 1694, et surtout l'expédition de Carthagène en 1697, en compagnie de Jean-Bernard de Pointis. Il sert à nouveau pendant la guerre de succession d'Espagne, notamment à la bataille navale de Vélez-Málaga en 1704 et au siège de Barcelone en 1714. En récompense pour ses services, le Roi d'Espagne Philippe V le fait chevalier de la Toison d'or. Il termine sa carrière militaire au grade de Lieutenant général des armées navales, Commandeur de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Il est l'un des derniers boucaniers des Caraïbes.

Il existe une incertitude quand à la naissance de Jean-Baptiste Ducasse. Donné généralement comme né le 2 août 1646 à Saubusse, près de Dax (Landes), il serait en réalité né à Pau, de Jacques Ducasse et Judith de Rémy. Son père, Jacques Ducasse serait issu de Gaillard Ducasse, ministre de la « religion prétendue réformée » à Salies-de-Béarn, et Anne de Faget, d'après un acte du 18 juin 1724 fait devant Raymond Bernet, notaire à Pau, et une délibération du corps de ville de Salies du 30 août 1691.
Il nait dans une famille paloise d'origine roturière et huguenote. Ducasse admettra lui-même plus tard dans une lettre au Ministre de la Marine Pontchartrain « j'ai été de la religion réformée », il aurait fourni un faux acte de baptême en provenance de Saubusse concernant un homonyme, Jean Ducasse, fils d'un marchand de jambons de Bayonne, Bertrand Ducasse, et de Marguerite de Lavigne. Cette supercherie s'explique par le fait qu'il était alors plus difficile pour les membres de la religion réformée de faire carrière. De nombreux biographes, dont Robert du Casse (son arrière-petit-neveu) et Saint-Simon, ont contribué à répandre cette erreur.
Précoce, il apprend le français et la latin.

Dans ses Mémoires, Saint-Simon dit de Ducasse :
« Ducasse mourut fort âgé, et plus cassé encore de fatigues et de blessures. Il étoit fils d'un vendeur de jambons de Bayonne, et de ce pays là où ils sont assez volontiers gens de mer. Il aima mieux s'embarquer que suivre le métier de son père, et se fit flibustier. Il se fit bientôt remarquer parmi eux par sa valeur, son jugement, son humanité. En peu de temps ses actions l'élevèrent à la qualité d'un de leurs chefs. Ses expéditions furent heureuses, et il y gagna beaucoup. Sa réputation le tira de ce métier pour entrer dans la marine du roi, où il fut capitaine de vaisseau. Il se signala si bien dans ce nouvel état, qu'il devint promptement chef d'escadre, puis lieutenant général, grades dans lesquels il fit glorieusement parler de lui, et où il eut encore le bonheur de gagner gros sans soupçon de bassesse. Il servit si utilement le roi d'Espagne, même de sa bourse, qu'il eut la Toison, qui n'étoit pas accoutumée à tomber sur de pareilles épaules. La considération générale qu'il s'étoit acquise même du roi et de ses ministres, ni l'autorité où sa capacité et ses succès l'avoient établi dans la marine ne purent le gâter. C'étoit un grand homme maigre, commandeur de Saint-Louis, qui avec l'air d'un corsaire, et beaucoup de feu et de vivacité, étoit doux, poli, respectueux, affable, et qui ne se méconnut jamais. Il étoit fort obligeant, et avoit beaucoup d'esprit avec une sorte d'éloquence naturelle, et, même hors des choses de son métier, il y avoit plaisir et profit à l'entendre raisonner. Il aimoit l'état et le bien pour le bien, qui est chose devenue bien rare. »

Il s'engage très tôt dans la marine marchande, au sein de la Compagnie des Indes, puis de la Compagnie du Sénégal, qui avait été créée en juin 1679 par Louis XIV avec le privilège du négoce entre le cap Blanc et le cap de Bonne-Espérance. D'abord comme écrivain puis comme capitaine marchand (en 1676) dans la Traite négrière.
Sa vision politique et une capacité au commandement et à l'initiative de font distinguer de Colbert puis par Seignelay. Ce capitaine marchand passe au service du Roi et en 1677 est nommé gouverneur de la côte occidentale de l’Afrique, comme Directeur de la Compagnie du Sénégal, où il obtient le privilège de vendre aux Antilles chaque année pendant huit ans, 2 000 esclaves destinés à l’exploitation des plantations, ce qui en fait l'un des premiers acteurs français de la traite négrière. Son plus grand client est alors le capitaine Charles François d'Angennes, marquis de Maintenon.
Commandant du vaisseau royale L'Entendu (44 canons et 250 hommes d'équipage), il prend possession le 15 novembre 1777 de Gorée (Sénégal), dont le maréchal d'Estrées s'était emparé le 1er novembre. Il y installe des agents de la Compagnie du Sénégal. Au mois de décembre, il rembarque pour la France, afin de faire un compte rendu de ses actions à Versailles.
En avril 1678, il quitte la France à bord d'une escadre de guerre. Il parvient à Gorée le 8 mai 1678, et trouve un établissement prospère. Le 10 juillet 1678, il débarque à la tête d'une flotte corsaire devant le fort d'Arguin, tenu par les Hollandais. Les combats débutent le 22 août, avant que Der-Lyncourt, le commandant du fort, ne capitule le 29 août. Maître de la place, il conquiert le territoire alentours. Il devient le plus riche planteur de la Martinique, qui ne comptait encore que 2 600 esclaves en 1674. Le 15 mars 1686, il est promu lieutenant de vaisseau dans la marine du Roi Louis XIV.
Le lendemain, 16 mars 1686, il épouse Marthe Baudry (1661-1743) à Dieppe, après avoir renoncé tous deux à leur foi calviniste en 1685, suite à la révocation de l'Édit de Nantes et la proclamation de Édit de Fontainebleau. Sa femme était issue d'une famille très liée à la haute-finance et au commerce colonial.
En 1687, il se rend en Guinée à bord de la frégate La Tempête et essaye de prendre Elmina (dans l'actuel Ghana).
Il est promu capitaine de frégate, le 1er novembre 1689. En 1690, il se bat dans les Indes occidentales à Saint-Christophe et Saint-Martin.
Son intrépidité contre les flibustiers et pirates, anglais, hollandais et français, ce qui lui permet d'être nommé en 1691 gouverneur de Saint-Domingue après avoir délivré la Guadeloupe de l'étreinte des Anglais et les avoir chassés jusqu'à la Barbade au sud de l'arc antillais. Il reste gouverneur douze ans et est l'un des ardents promoteurs de la culture du sucre.
En mars 1689, venant reconnaître l'île de Boa Vista (Cap-Vert) avec son vaisseau Le Hasardeux, il croise des flibustiers venus de l'île de Roatán, au Honduras, commandés par le pirate Jean Fantin qui étaient en train de la piller. Il les soumet et les recrute pour attaquer les possessions hollandaises de Berbice et Fort Zeelandia au Surinam en juin 1689[8]. En 1692, dans une lettre au Ministre de la Marine Louis Phélypeaux de Pontchartrain, il explique qu'il ne reste plus que 70 flibustiers sur l'île de la Tortue, et qu'ils se fait fort de les sortir de la fainéantise, pour les installer à Saint-Domingue. Il est promu capitaine de vaisseau, le 1er janvier 1693.
En 1694, il organise l’expédition de la Jamaïque contre les Anglais, qui permet de rapporter de l’indigo et 3 000 esclaves, mais qui est suivie l'année suivante d'une expédition punitive des Espagnols et des Anglais contre le Cap-Français et Port-de-Paix.
En 1697, il participe avec le chef d'escadre Jean-Bernard de Pointis à l'expédition de Carthagène (2 mai 1697), l'ultime engagement entre France et Espagne avant le traité de Ryswick de 1697, que le duc de Saint-Simon a évoqué dans ses mémoires où il décrit Ducasse avec sympathie: « C’était un homme d’une grande valeur, de beaucoup de tête et de sang-froid et de grandes entreprises, et fort aimé dans la marine par la libéralité avec laquelle il faisait part de tout, et la modestie qui le tenait en sa place. Il eut de furieux démêlés avec Pointis, lorsque ce dernier prit, et pilla Carthagène. »
À la tête des corsaires de Saint-Domingue, Jean-Baptiste du Casse combat à nouveau l'amiral anglais John Benbow près de Sainte-Marthe le 3 septembre 1702. Malgré son infériorité numérique, la flotte anglais compte six gros vaisseaux alors que Ducasse n'en commande que quatre, il parvient à l'emporter. Benbow pert une jambe pendant le combat et doit faire face à la trahison de plusieurs des capitaines combattants sous ses ordres et ces derniers passeront en cour martiale. Rentré à la Jamaïque, ce dernier reçoit une lettre de Ducasse à l'issue du combat :

"Sir,
Je craignais dimanche passé d'être votre prisonnier ce jour-là même; le ciel en a ordonné autrement, et je n'en suis pas fâché.
Quanta vos lâches capitaines, faites-les pendre, car, sur mon honneur, ils l'auront bien gagné.
Tout à vous,
Du Casse."

La France étant alliée aux Espagnols, il combat aux côtés de ces derniers avant de suivre les retournements d'alliances de Louis XIV. En 1703, les fonctions civiles et militaires sont séparées à Saint-Domingue. Il est alors nommé chef d'escadre en 1702 et participe le 24 août 1704 à la bataille navale de Vélez-Málaga, à bord de L'Intrépide, 84 canons, au sein de la flotte du comte de Toulouse, amiral de France.
En janvier 1704, sa fille unique, Marthe Ducasse († 7 décembre 1743) épouse Louis de La Rochefoucauld, marquis de La Ferté-sous-Jouarre (1672-1751). Jean-Baptiste du Casse est alors au sommet de sa gloire, et de sa fortune, il donne à sa fille un dot de 1 200 000 livres, somme exceptionnelle pour l'époque. De cette union naissent :
    •    Jean-Baptiste de La Rochefoucauld, duc d'Anville (1707-1746), qui se distinguera lui aussi dans la Marine royale, notamment pendant l'Expédition du duc d'Anville au cours de laquelle il trouve la mort
    •    Marthe Charlotte de La Rochefoucauld (1713)
Jean-Baptiste du Casse est promu lieutenant général des armées navales le 27 décembre 1707, il commande en 1714 la flotte qui assiège et investit Barcelone.
Il décède le 25 juin 1715 à Bourbon l'Archambault en Auvergne, ou il prenait les eaux.

Publié dans CORSAIRS DU ROY

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